Telle la terre à tous je suis à toutes
Telle le ciel que boivent nos poumons
Qu’on retourne l’humus et qu’on me broute
Telle les fleurs que nous humons
Telle la terre au soc je vais crevée
Telle l’eau des torrents ne coûte rien
Ivre et nue je me livre aux dépravées
Telle la terre à tout terrien
Jà ne m’épuiserez je puis encore
Toutes vous satisfaire et vous nourrir
Telle les fruits que nos ventres dévorent
Telle la terre arse à mourir
Ton pantoum dans mon haïku - Page 14
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Arse à mourir
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8) -
Une pluie est venue
Catégories : Hexasyllabes (6), Octosyllabes (8)Moïse errant sur sa montagne
Vit un buisson de feu
Et puisque s’en dressait son pagne
Abreuva de tendres aveux
Cette rousse compagne
C’est toi divine dont je veux
Lécher l’écorce nue
Baiser là sous le dais des cieux
La vulve ô flamme entretenue
Qui m’incendie les yeux
Qu’en toi ma verge s’exténue
Brisant le vieux ciment
De nos déités inconnues
Sur tant d’arides sentiments
Une pluie est venue
Aux autres je te cache et mens
Qu’un seul écoute
Tes dix brûlants commandements
Entre au saint des saints et te foute
D’un seul amour dément
Moïse est celui qui redoute
L’or de tes quatre vœux
La myrrhe âcre que tu dégouttes
L’encens de ton buisson de feu
Arboré sur ma route -
Bouche haletante et rouge au front
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Elle et moi nous nous pénétrons
Comme en miroir le tiroir aux étrons
D’un chapelet de jolies boules
De croissant calibre au profond du boule
Bouche haletante et rouge au front
Alors nous devenons maboules
Férues d’envie de se laper la moule
Clapotant et versant litrons
De sangria macérée de citron
Sous nos yeux ardents qui riboulent
Elle et moi deux frêles tendrons
Comme en miroir nous nous administrons
Ce qui donne la chair de poule
Et fait soudain que l’orgasme déboule
Bouche haletante et rouge au front -
Église humaine
Catégories : Heptasyllabes (7)Après la mort de Michel-Ange, le pape Pie IV fait peindre des cache-sexes à tous les personnages du plafond de la chapelle Sixtine. On m'a même pas consultée, je comprends pas...
En visitant la Sixtine
Je tombai en pâmoison
Ô ces pines à foison
Qui m’écorchaient la rétine
Et me trempaient la toison
Dieu lui-même en avait une
Énorme comme il se doit
Et me désignant du doigt
Semblait dire n’aie aucune
Crainte car j’irai à toi
Un diable à couilles velues
Le gland noir comme la poix
Et plus dur qu’un bout de bois
Fit dégouliner de glue
Mon bénitier aux abois
Abraham Noé Moïse
Se branlaient la tête en bas
Et sans attendre sabbat
Ève arrachait sa chemise
Pour se joindre à leurs ébats
Le bien nommé Michel-Ange
S’était épris de passion
Pour chacun des poils de fion
D’une chiée de jolis anges
Voltigeant tels des avions
Accorts lurons qui se foutent
Ventres fesses nichons blancs
Que je matais l’œil tremblant
Remplissaient toute la voûte
En détail et en gros plan
L’Église ô soudain humaine
Je plaignis pour une fois
Mon affreux manque de foi
Et d’avoir catéchumène
Pas mal bullé autrefois
Mon pauvre cœur de traînée
Chantait des alléluias
Ravie que mon con mouillât
J’eus une envie effrénée
De l’astiquer un chouïa
Lorsqu’on vint fermer les portes
Un Suisse ému et poli
M’escorta jusqu’à mon lit
Je souffrais de fièvre forte
Et d’un beau torticolis -
Au nombre des non-morts
Catégories : Octosyllabes (8)Je sortirai de mon tombeau
Pour chaque nuit baiser encore
Hommes et femmes les plus beaux
Tant j’ai le feu qui me dévore
Me changeant en chauve-souris
Je volerai parmi les chambres
Pour mordre au con quelque houri
Parfumée de violette et d’ambre
Sans me soucier de leurs clameurs
À mon apparence éthérée
Je romprai les os des dormeurs
D’une tendresse exagérée
Surprenant deux amants unis
En une heure hâve et attardée
Je les aurai vite punis
En griffant la pine dardée
Par-dessus tout je hanterai
L’être morose et solitaire
Que peut-être j’emporterai
Mourir avec moi sous la terre
Plantera-t-on des pieux d’argent
Dans mon ventre de chair sanieuse
J’en tirerai un outrageant
Plaisir de gorgone gouailleuse
D’autres me vouant un culte noir
Et m’allumant d’énormes cierges
J’apparaîtrai dans les miroirs
Pour profaner de tendres vierges
Oui je quitterai mon tombeau
Serrer encor des vivants contre
Ma peau putride et en lambeaux
Jouant le temps contre la montre
Je suis au nombre des non-morts
Trop amoureux de l’existence
Et du chaud vertige des corps
Pour se résigner au silence -
Aux p’tits oignons
Catégories : Heptasyllabes (7)Écarte-moi les arpions
Bouffe-moi le sot-l’y-laisse
Bois les huiles où le bas blesse
Et me brûle le croupion
Je veux être ta pintade
Les gigots bien relevés
La peau bouillante à crever
La chair en capilotade
Farcis-moi d’un beau rôti
Sur l’évier de la cuisine
Pas question que tu lésines
En foutant mes abattis
Pour toi je me suis plumée
Épilée jusqu’au trognon
Rissolée aux p’tits oignons
J’avalerai la fumée -
Aux abois
Catégories : Hexasyllabes (6)Ce soir c’est la cougar
Gamins qui part en chasse
Dans les bars un peu schlass
En collant léopard
Qui vise et couche en joue
La faune des plus verts
Et dit merde à l’hiver
Que ses appâts déjouent
Ce soir c’est la cougar
Qui vous piste et vous traque
Vous traîne à sa baraque
L’éclair dans le regard
Puis sonnant l’hallali
Rude elle vous dépèce
Et d’une ardeur épaisse
Vous étend sur le lit
Oui ce soir la cougar
Courre le jeune et tire
Mais qui goûte au martyre
Reprend vite un rencard -
Combien s’ouvrent nos girons
Catégories : Octosyllabes (8)La parole humaine abolie
Il nous restera la folie
Douce des corps ils nous diront
D’où sourd l’heureux vin d’où la lie
Et combien s’ouvrent nos girons
Plus chauds que les ciels d’Italie
Une fois tu le vain jargon
On raccrochera les wagons
De nos solutions alcalines
Surfant voguant sur la vague on
Reverra nos lèvres câlines
Ardre aux sangs que nous conjuguons
Adieu babils menteries prêches
Engouffrons les doigts dans la brèche
Et la langue prise au carcan
D’une chair amie rose et fraîche
Abjurera ses écarts quand
Gicleront de blonds jus de pêche -
Par-delà les embâcles du soir
Viens tendrement t’asseoir
Te blottir nu à mes genoux
Quand nos deux peaux se tendront un miroir
Un miroir de silence et de bleu cristal nous
Nous reconnaîtrons par-delà les embâcles du soir
Du puits de nos intimités trop longtemps clos de pierres
Montera le fredon d’une chanson d’amants
Et nos sangs frémiront comme une bière
Je crois si tu viens dans le noir
T’asseoir là tendrement -
Va pas le fendre
Catégories : Octosyllabes (8), Quadrisyllabes (4)Ah tes coups d’rein
Ça sent la poudre et la foudre un
Éclair jailli de ton mandrin
Crépite oh va pas le fendre hein
Mon vage accro à tes coups d’rein
Salamandrins
Mon vage accro
S’accroche à toi là beaucoup trop
À ton bélier beaucoup trop gros
Les coussins pleurent sous mes crocs
Tout se déchire en cent accrocs
Blancs de nacre ô… -
Hélène en rogne
Catégories : Alexandrins (12 pieds), SonnetDeux heures moins le quart avant la guerre de Troie
… ou bien n’importe quand, n’importe où
Foutez-vous sur la gueule, et que le plus con vainque
Ou que l’autre l’emporte — il m’importe moyen
D’être pute aux genoux d’un assassin troyen
Ou grec : dans les deux cas je suis celle qui trinque.
Astiquez-vous l’épée et branlez-vous l’écu !
Puisque ça vous éclate, éclatez-les vos villes,
Et pendant dix années cognez dur, ô débiles,
En niquant au passage le moindre joli cul !
Mes sœurs et moi souffrons, comme souffre la terre
Que déchirent sans frein vos jeux de vieux ados.
Vénus ! sais-tu l’îlot sapphique et solitaire
Où l’on peut vivre encor ?... Bah ! vaine est ma prière.
À tout je me résigne, y compris la sodo,
Mais ne me mettez pas vos guerres sur le dos ! -
Démocraties du vice
Catégories : Heptasyllabes (7)La femelle occidentale
Veut qu’à poil on la punisse
Que son cul voie des étoiles
Et jamais ne réfléchisse
L’ère est aux amours tribales
Aux démocraties du vice
La bourgeoise à quatre pattes
Tout emperlée de piercings
Crie qu’on lui châtie la chatte
Sur le béton du parking
L’âge est aux brutes aux pirates
Pas aux Martin Luther King
Son con sentant le remords
D’être pas resté fidèle
Aux jeux de la fin’amor
Qu’on le saigne et l’écartèle
L’époque a perdu le nord
Lui remontant les bretelles
À l’ouest est son plan sa dope
Son martyre aux écrevisses
Qui lorsque son corps écope
À résipiscence éjouissent
Voici le temps des salopes
Des démocraties du vice -
Féminité
Catégories : Alexandrins (12 pieds)Aux soirs crucifiée les jambes en tête aux soirs
Plaintifs sous le sifflet douloureux de baguette
Sous le sifflet que multiplient de grands miroirs
Froids c’est ma punition mon calvaire du soir
Quand crucifiée je pends aux noirs coups qui me guettent
Vous le Donneur de Vie enflez le geste haut
Cherchez d’un cingle aigu l’angle de cuir à cuire
Faites monter le sang jusqu’aux lèvres du faux
Mal où le plaisir gît et je verrai reluire
Ce cri palpitant qui me coule au ventre chaud
Aux soirs saint André m’aime et m’étreint quand déchantent
Mes lacunes rougies brûlées crevant d’espoir
Quand la dent du stick m’astique au son des miroirs
L’entre-deux le rebord avide de la fente
Aux soirs crucifiée les jambes en tête ô soirs… -
Une drôle d’aventure
Catégories : Octosyllabes (8)Où que ce soit Lucie le suce
Le pompe et le boit tant et plus
Au cinéma dans l’autobus
Les salles d’attente les montagnes russes
Où que ce soit Lucie le suce
D’emblée fond sa lippe et lui gobe
Tout palpitant le bout du zob
Puis de sa bave l’oint et l’enrobe
Léchant tout fromage et microbes
Sans qu’aucun repli se dérobe
Sa langue alanguie tourbillonne
À sa manière un peu brouillonne
Autour du gland qui papillonne
Et ronge sa proie Lucie la lionne
Dans la savane des cris résonnent
Tout en lui emplissant la bouche
Il la supplie oh viens qu’on couche
Au moins je pourrai prendre une douche
Mais Lucie veut pas qu’on la touche
C’est la nana plutôt farouche
Quand il gicle pan ! dans la glotte
À Lucie le pauvre sanglote
Elle fait allons on reste potes
C’est comme ça que ta bite me botte
Pas question d’ôter ma culotte
Ça fait bien six mois que ça dure
Qu’elle engloutit sa merguez dure
Dans l’ascenseur dans la voiture
Ils vivent une drôle d’aventure
Ça fait bien six mois que ça dure -
Elle pleut des galaxies
Catégories : Hexasyllabes (6)Créature gynoïde
Chromes autolubrifiants
Ma loute est un droïde
Venu d’α de l’Hydre
Pour un amour défiant
La nuit l’hiver le vide
Au fond de l’espace-temps
Nous bâtissons des sphères
À l’iris palpitant
Bulles d’air de printemps
De plastique et de verre
Et nous baisons dedans
Ma cybermeuf étale
Ses envies au rideau
De nos ciels sans étoiles
À nous faims sidérales
À nous le miel et l’eau
Les effusions lustrales
Quand elle prend son panard
Elle pleut des galaxies
Scintille comme un pétard
Puis voyant qu’il est tard
File en chronotaxi
Mais mon cœur est peinard
Il est super sexy
Lisse et doux mon code-barres -
Ma chevillette cherra
Catégories : Dissyllabe (2), Octosyllabes (8)Viens te vautrer dans ma gadoue ;
C’est chaud, c’est salé, c’est soyeux,
C’est doux…
Viens ! Tu t’en mettras jusqu’aux yeux.
Je te ferai supertriquer ;
J’ai tout préparé, tout prévu,
Briqué
Tout ça nickel : du jamais vu.
Tu pourras t’égarer le pif
Sur ma plage blonde où toi, le
Récif,
Tu fais crépiter les étoiles.
Viens m’avaler ! Que les murs fondent !
Adieu les autres hommes, adieu !
Le monde
Se résume à ce lac pour deux.
Tu pourras mordre à cœur les tendres
Chairs d’amoureuse à ta portée,
Et tendre
Un majeur pour les écarter.
De la langue tu pourras suivre
Les cols buissonniers de ma faille,
Mon cuivre,
Mes ors… et déjà je défaille !
De mes genoux tu forceras
L’ouverture, et ma chevillette
Cherra
Sur ta gueule affamée de bête.
Tu pourras savourer, ta bouche
Autour d’un clito haletant,
La douche
Jaillie du tout début des temps.
Tu pourras plonger (ça t’excite)
Au profond, tandis que j’effleure
Ta bite
Rouge satin, ta grosse fleur.
Tu pourras laper des rivières
Moussues de jus, de suc, de mouille,
De bière
Tiède au goût de reins et de rouille.
De mon ventre tu pourras faire
Cet oiseau moite et affolé
Qu’un fer
A privé d’ailes pour voler.
Tu pourras mettre enfin ta queue
Dans ma gadoue, dans ce délire
Aqueux,
Afin d’y prendre ton plaisir. -
La moule et l’oiseau
Catégories : Décasyllabes (10), Fable, Pentasyllabes (5)Mimi la moule errait entre deux eaux,
Quand la héla de là-haut un oiseau
Dont jolis mots et paroles choisies
Pleuvaient du bec, empreints de poésie :
« Que tu me plais, belle bivalve, avec
Ta chevelure hérissée de varech,
Le satiné de ta chair frémissante,
L’ocre moelleux de tes lèvres qui sentent
Bon la marée, et tes frisants ourlets…
Oh ! ne te ferme pas, non, montre-les !
Ouvre plus grand ces pans de nacre noire
Où je contemple à perdre la mémoire
Ton être nu, ton corps invertébré,
Si gracieux qu’il m’en faut célébrer
Chaque détail ! Approche encor, mollusque,
Et si je tâte un peu, va, ne t’offusque
Pas pour autant !
— Bon, d’accord », dit Mimi,
Qui était simple et avait plein d’amis.
Elle monta, confiante, à la surface
Pour exhiber mieux ses tendres crevasses.
Le traître piaf se la farcit d’un coup
De son long bec emmanché d’un long cou.
Moralité :
Méfiez-vous, fillette,
Lorsqu’un empenné
Vous conte fleurette :
Il veut vous piner. -
Ventre ouvert et cerveau splitté
Catégories : Octosyllabes (8)Toujours plus bas je dégringole
Toujours plus râpeux mes instincts
Le monde est un foutu festin
Et l’amour tue comme un alcool
Toujours plus bas je dégringole
J’ai pas inventé le plaisir
Ni la malfin des aventures
Mon prochain gisant en pâture
Je dis yes à tous mes désirs
Aux vits tendus pour les saisir
Me pulse un flux bisque d’hormones
Qui me maintient la tête ailleurs
Loin du labyrinthe intérieur
Se déserter changer la donne
Ma vie n’appartient à personne
Me parlez pas moralité
Me parlez pas sérénitude
L’animale à fait des études
Son corps veut mourir alité
Ventre ouvert et cerveau splitté
Possible au fond que je sois folle
Mais là au fond rien de sérieux
Ne me regarde au blanc des yeux
Cœur volatil va-t’en décolle
Toujours plus bas je dégringole -
L’homme à l’âme de fœtus
Catégories : Heptasyllabes (7)Jusqu’au nombril Erectus
Dur inflexiblement raide
Où tu passes tout te cède
Et fleurissent des cactus
Au limon nu sans remède
De nos ventres quadrupèdes
Puis tu repars Erectus
Fou d’une inflexible quête
Vers tes viols et tes conquêtes
Tes rapines mais motus
Continue le cœur en fête
La nature en reste muette
Et ton règne ô Erectus
Dur inflexiblement dure
Tout souffre sous la morsure
De ton âme de fœtus
Raide jusqu’à la brisure
Frêle enfant de démesure -
Pas de prise
Catégories : Hexasyllabes (6)J’ai des amours fœtales
Des tas de flirts mort-nés
Pétale après pétale
Je m’arrache et détale
Pour ailleurs m’encorner
Mes relations humaines
Colliers que nous portons
Ne jettent pas de graines
Afin que rien n’enchaîne
Mon a-cœur d’avorton
Que sans trêve on ne baise
De membres inédits
Que mon ventre de braise
Flambez barreaux de chaise
Sur la corde raidis
Mais si d’aucuns s’accrochent
Griffus de sentiments
Aux parois de ma roche
Je leur fous la pétoche
Je deviens caïman
Pas d’accès pas de prise
À mon vide intérieur
Tout lien se pulvérise
Foutue pour foutue prise
Je me fais voir ailleurs
Quand les ombres s’installent
J’épluche mon carnet
Cherchant dans le dédale
De mes amours fœtales
Un nouveau flirt mort-né