Dans son caveau, le comte E. Jacula,
Mort depuis peu et qui mal se résigne
Aux vertueux hivers de l’au-delà,
Tend l’oreille qui quête un signe.
Hurle la bise à rendre fous les loups
Rôdant partout aux abords des masures,
« Libres !... » gronde E., dont le cerveau jaloux
A perdu du temps la mesure.
La crypte soudain résonne des pas
Précipités d’une chose ou d’un être
Qui tremble et geint et lui parle tout bas :
« Pouvez-vous m’entendre, ô mon maître ?
» Je suis Ninon, fille de ces croquants
Qu’un jour vous reçûtes à votre table,
Privilège eu, du reste, en le troquant
Contre ma vertu discutable.
» Sachez qu’au grand jamais je n’oublierai
Combien vous étiez ferme comme un cierge,
Et que mon con, souvent, tout déchiré,
Pleure en songeant à votre verge. »
Plus puissants que la mort, de tels propos
Font que le feu, bien qu’il y voie que dalle,
Bande à crever dans son lieu de repos
En soulevant la lourde dalle,
Et le voici qui enlace Ninon,
Lui veut planter son versoir à semence...
Mais elle tombe à genoux et crie : « Non !
Seigneur, le péril est immense,
» Car vous épient au tournant du décor
Tous ces bouseux que le curé harangue.
Ils brûleront votre si roide corps,
Puis ils m’arracheront la langue !
— Bah ! fait le comte en ricanant, moqueur,
Est-ce assez pour qu’un Jacula frissonne ?
Baisant ces rats, je leur serai vainqueur,
Mais, pour l’heure, ma polissonne... »
Et de son long pieu fend la bouche en cœur.
Fable
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Le comte et le con (conte)
Catégories : Décasyllabes (10), Fable, Octosyllabes (8) -
La moule et l’oiseau
Catégories : Décasyllabes (10), Fable, Pentasyllabes (5)Mimi la moule errait entre deux eaux,
Quand la héla de là-haut un oiseau
Dont jolis mots et paroles choisies
Pleuvaient du bec, empreints de poésie :
« Que tu me plais, belle bivalve, avec
Ta chevelure hérissée de varech,
Le satiné de ta chair frémissante,
L’ocre moelleux de tes lèvres qui sentent
Bon la marée, et tes frisants ourlets…
Oh ! ne te ferme pas, non, montre-les !
Ouvre plus grand ces pans de nacre noire
Où je contemple à perdre la mémoire
Ton être nu, ton corps invertébré,
Si gracieux qu’il m’en faut célébrer
Chaque détail ! Approche encor, mollusque,
Et si je tâte un peu, va, ne t’offusque
Pas pour autant !
— Bon, d’accord », dit Mimi,
Qui était simple et avait plein d’amis.
Elle monta, confiante, à la surface
Pour exhiber mieux ses tendres crevasses.
Le traître piaf se la farcit d’un coup
De son long bec emmanché d’un long cou.
Moralité :
Méfiez-vous, fillette,
Lorsqu’un empenné
Vous conte fleurette :
Il veut vous piner. -
La fringale et l’hyperthermie
Catégories : Alexandrins (12 pieds), Fable, Heptasyllabes (7)Yacina ayant coïté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la covid fut venue.
Plus un seul petit rencard
Avec le moindre queutard.
En chaleur elle alla braire
Chez sa voisine Anne-Claire,
La priant de lui prêter
Un gode, par charité,
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je te paierai, lui dit-elle,
En te broutant le minou.
Vois ! je t’implore à genoux »
Mais l’autre n’est pas tribade ;
C’est là son moindre défaut.
« Qu’as-tu l’entre-deux si chaud ?
Lui dit-elle. Es-tu malade ?
— Que sais-je ? C’est des pulsions :
Sans cesse il me faut des bites.
— Bah ! ça se résout très vite
Par un coup de latte au fion. »
Immoralité :
La pauvre Yacina, rouge brique et confuse,
Jura de plus revoir cette connasse obtuse.