D’après Edmond Rouston...
À celle, hautaine, qui nomma « petite bite »
Mon chéri, — et voyant que cela le dépite, —
Je fis ce trait d’humeur qui vaudra ce qu’il vaut :
« Dis, connasse, fais donc travailler ton cerveau !
On pouvait dire... oh ! Dieu !... bien des choses, en somme,
Sur l’humble vermisseau de ce gentil jeune homme,
Soulignant, par exemple (avec un air pensif),
Qu’il n’existe pas sa taille en préservatifs.
(Ou, fâchée) Cher ami, cette tige immature
Me paraît un affront que vous fait la Nature !
(Catholique) Oh, monsieur, si j’avais un tel vit,
Je prierais l’Éternel pour qu’il me resservît.
(Mutine) Est-ce un clou rouillé ? une aiguille à coudre ?
Ça ne risque, en tout cas, pas d’attirer la foudre...
(Sportive) Il semble vif et adroit, ce pénis,
Ainsi qu’un ramasseur de balles au tennis.
(Curieuse) Y eut-il onc une si menue chatte
Qu’elle eut un peu d’émoi lorsque vous l’approchâtes ?
(Fataliste) Bah ! les rats l’auront grignoté,
Délaissant les couillons qui pendent à côté.
(Pratique) Il a toujours, au moins, cet avantage
De ne point prendre froid... perdu dans le pelage.
(Enthousiaste) Ah ! monsieur, c’est un précieux atout
Pour qui veut aller nu : on ne voit rien du tout !
(Chirurgienne) Hum ! venez, que je vous émascule
En vous ôtant un kyste à ce point ridicule !
(Tracassée) Avez-vous un étui vernissé
Pour mieux le retrouver lorsqu’il vous faut pisser ?
(Tendre) Puis-je toucher ? Je la trouve coquette
Et sympathique votre infime bistouquette.
(Émue) Pauvre garçon ! Ah ! comment grivoiser
Lorsqu’on n’a pour engin qu’un ver apprivoisé ?
(Zoologue) Est-ce une biroute de rainette
Que vous avez ? Laissez-moi mettre mes lunettes...
(Positive) Gageons, lorsqu’il est bien bandant,
Que votre amie s’en sert, parfois, de cure-dents.
(Serviable) Où est le hic ? Vous voulez qu’il grandisse ?
Alors, tirez à deux mains sur votre appendice !
(Flatteuse) Doté d’un si petit membre au corps,
Vous devriez briguer le Livre des Records. »
Théâtre
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Tirade de la petite bite
Catégories : Alexandrins (12 pieds), Théâtre -
Âpres négociations
Catégories : Alexandrins (12 pieds), Théâtre(Ébauche de tragédie retrouvée dans les brouillons posthumes de Jean Racine, parmi d'autres cochonneries plutôt... je ne vous dis que ça.)Bureau de Clitandre, qui travaille, cravaté, concentré, cerné par des piles de dossiers. Derrière lui on aperçoit : côté jardin, la cour avec les poubelles ; côté cour, un grand jardin bourgeois baigné de lumière matinale, où deux piafs s'enfilent sans vergogne à même les branches du pommier.Entre Cyprine, essoufflée, en jupe ultracourte et escarpins, s'efforçant de boutonner sa petite veste cintrée sur sa poitrine plus que généreuse.Clitandre, levant le nez de ses papiersVous vouliez me parler ? Un souci, ma très chère ?Je donnerai la lune, au bas mot, pour vous plaire.CyprineMon ami, c'est plaisir de vous voir si joyeux,D'autant qu'il me faudrait...ClitandreJe le lis dans vos yeux.CyprineVous savez, trois fois rien : un peu de votre flouze,Car la belle est gourmande, avide comme douze.ClitandreLa belle ?CyprineUne amie... euh... disons...ClitandreDans le besoin ?CyprineC'est ça ! Vous comprenez plus lorsque je dis moins.ClitandreDites-m'en cependant davantage. La « belle »Est-elle honnête ?CyprineHonnête ? Oh ! parfaitement. ElleAnnonce la couleur avant que d'accepterVotre candidature et vous faire monter.ClitandreChère épouse, je crains presque de vous entendre.CyprineDépêchons ! Il ne faut jamais la faire attendre.ClitandreQui est-elle, à la fin ? Je veux savoir tout !CyprineTout ?ClitandreJusqu'au moindre détail. Oh ! cette incertitude...CyprineSoit. Je vous le dirai. Sachez mes turpitudes :Jouet d'une déesse aux talons haut perchés,Je vais à elle pour dénuder mon derche etLe reste, afin...ClitandreÔ dieux ! Ô infamie honteuse !CyprineBah ! n'exagérons rien. Ça n'est qu'une gagneuseQui fait profession de fouetter les masosDans mon genre.ClitandreEst-ce un rêve ?CyprineElle est sur le réseau.ClitandreVous, soumise, mamour ? Et en outre gouine ?Je n'aurais jamais cru cela. Que la ruineS'abatte dès ce jour sur notre pauvre hymen !CyprineÀ vous entendre, on croit que j'ai voté Le Pen.Reprenez-vous, chéri ! Ça n'est qu'une incartade,Un rien, quoiqu'onéreux. Même je me hasardeÀ dire que vous en profiterez à mortQuand je viendrai ce soir, percluse de remordsEt le cul lacéré. Oui, pour vous faire envieMon boule et mon honneur gaîment je sacrifie.Aussi, gardez-vous donc de jouer les ZorroEt, ladre, de fermer le tiroir aux euros.Il m'en faut quatre cents : c'est pas la mer à boire.Pour vos propres putains, vous faites moins d'histoires,Espèce de...ClitandreBon, bon. N'allons pas nous fâcher,Ma douce.Déverrouillant un tiroir, il lui tend une liasse de billet.Cyprine, s'en emparant d'un geste secAh ! que je peine à vous faire cracherLe pognon. C'est plus dur à chaque jour qui passe.ClitandreSans doute parce que le nombre des pétassesAugmente chaque jour dans vos relations.Êtes-vous en chaleur ? Est-ce une affectionQui se puisse guérir avec...CyprineBonne journée !Déjà, n'en doutez pas, je suis assez soignéePar la dame sévère à qui je cours m'offrir.ClitandreDites-lui de ne point trop vous faire souffrir,Et de surcroît, bien sûr, de revoir à la baisseSes tarifs.CyprineÔ idiot ! Je file à fond la caisse...En soupirant, elle sort. Soucieux, Clitandre referme soigneusement son tiroir et se replonge dans sa paperasse. À jardin, un enfant court. À cour, le jardinier jardine tandis qu'au-dessus de lui, indifférents à tout le reste, les piafs n'en finissent pas de s'enfiler avec des pépiements lascifs.Rideau.