Dans son caveau, le comte E. Jacula,
Mort depuis peu et qui mal se résigne
Aux vertueux hivers de l’au-delà,
Tend l’oreille qui quête un signe.
Hurle la bise à rendre fous les loups
Rôdant partout aux abords des masures,
« Libres !... » gronde E., dont le cerveau jaloux
A perdu du temps la mesure.
La crypte soudain résonne des pas
Précipités d’une chose ou d’un être
Qui tremble et geint et lui parle tout bas :
« Pouvez-vous m’entendre, ô mon maître ?
» Je suis Ninon, fille de ces croquants
Qu’un jour vous reçûtes à votre table,
Privilège eu, du reste, en le troquant
Contre ma vertu discutable.
» Sachez qu’au grand jamais je n’oublierai
Combien vous étiez ferme comme un cierge,
Et que mon con, souvent, tout déchiré,
Pleure en songeant à votre verge. »
Plus puissants que la mort, de tels propos
Font que le feu, bien qu’il y voie que dalle,
Bande à crever dans son lieu de repos
En soulevant la lourde dalle,
Et le voici qui enlace Ninon,
Lui veut planter son versoir à semence...
Mais elle tombe à genoux et crie : « Non !
Seigneur, le péril est immense,
» Car vous épient au tournant du décor
Tous ces bouseux que le curé harangue.
Ils brûleront votre si roide corps,
Puis ils m’arracheront la langue !
— Bah ! fait le comte en ricanant, moqueur,
Est-ce assez pour qu’un Jacula frissonne ?
Baisant ces rats, je leur serai vainqueur,
Mais, pour l’heure, ma polissonne... »
Et de son long pieu fend la bouche en cœur.
Le comte et le con (conte)
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