Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus,
Je me branlais la moule, un soir, faute de mieux,
Lorsqu'au loin je vis apparaître
Un essaim tapageur de fort jolis garçons
Vêtus d'à peu près rien d'autre qu'un caleçon...
Allais-je enfin me faire mettre ?
Aussitôt les voilà, en rond, me reluquant,
Tels des scouts épatants autour d'un feu de camp,
Et tant d'yeux glissent sur mes formes
Qu'en dépit de l'heure impossible qu'il était
Et de mes éreintants efforts à me frotter,
Pas de risque que je m'endorme.
On bavarda de tout et de rien, mais je sus
Ramener le propos à tout instant dessus
Mes aimables paires de dunes
Qui semblaient retenir un peu leur attention,
Voire soulevaient même une grosse émotion
En faisant la nique à la lune.
Soudain, n'y tenant plus, je me jetai aux pieds
De mes badauds, criant : « Faut pas que vous loupiez
Une aussi fabuleuse occase !
Baisez-moi, par pitié, à cinq, à six, à sept !
Pour me tourner le dos, je vous le dis tout net,
Faudrait qu'il vous manque une case.
Trempez, trempez la plume et le biscuit partout !
Vous verrez que je cache encor pas mal d'atouts ;
Jouez gros jeu, c'est moi qui donne ;
Carpe diem, les gars ! Pourquoi cet air nœud-nœud ?
Je suis ouverte aux plans les plus libidineux...
Me laissez pas comme une conne ! »
Bon, je vous la fais courte : ils ont carapaté
Qui vers sa régulière ou sa tendre moitié,
Ou — qui sait ? — vers des pédérastes ;
À moins que je ne sois tombée — ah ! pas de bol... —
Sur une tribu de curés, et que Popaul
Se fût juré de rester chaste.
Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus,
J'ai donc repris en main mon petit trou mielleux
Tandis que le troupeau d'enflures
S'éloignait en chantant un truc un peu trop fort ;
Ça parlait de bateaux et de copains d'abord ;
De ma conque, ils n'en avaient cure.
S'éloignait en chantant un truc un peu trop fort ;
Ça parlait de bateaux et de copains d'abord ;
De ma conque, ils n'en avaient cure.
D'après "Supplique pour être enterré à la plage de Sète" (Georges Brassens)