Le tour de Raymonde en quatre-vingts jours
Et quatre-vingts nuits de baisers sauvages
Caressant sa chair ample je voyage
Sans quitter le canapé du séjour
Le tour de Raymonde épouse d’un jules
Qui la juge obèse ô le malappris
Digne à peine de lécher le nombril
De ma Vénus ronde un globe une bulle
Le tour de Raymonde en quatre-vingts coups
De langue à son ventre au goût d’Amériques
Nous connaîtrons des spasmes telluriques
Le jour où j’irai me pendre à son cou
Car j’arpenterai tous ses paysages
Dans l’aube infinie du rose abat-jour
Parcourant Raymonde en quatre-vingts jours
Et quatre-vingts nuits de baise sauvage
Décasyllabes (10)
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Périple
Catégories : Décasyllabes (10) -
Née d’un mystère ancien
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Qui me regarde là se change en roc,
En barreau de métal incompressible,
Rouge cuivre ou crête de coq
Pointant déjà vers le cœur de la cible.
Qui me voit là sans voile est pris soudain
Du désir fou de me vouloir percée
À force de raideur née d’un
Mystère ancien — ô, fuis plutôt Persée !
Tes serrements de dents, ton bouclier
N’y feront rien, tu deviendras rigide,
On ne pourra plus te plier,
Marbre à jamais figé sous mon égide.
Je suis celle qui rend les hommes durs
Comme l’airain, celle aux reins que rien n’use ;
Tu n’auras plus d’autre futur,
Si tu regardes là : je suis Méduse. -
Un surcroît de brillance
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Dedans le ventre obscur, il est éclos,
Rouge, le fruit tenant le monde en bride,
Semant ses perles de sirop
Dedans le ventre obscur qui le déride.
Qui découvrit l’accord et le secret
De ces fusées où nos chairs se fiancent,
Quand, l’un en l’autre bien ancré,
Le corps se donne un surcroît de brillance ?
Ici, de mille fards nous déguisons
La volupté sous l’averse impétueuse
Qui, accourue des horizons,
Dissimulait éclair blanc, lame tueuse.
Dedans le ventre obscur, il se répand
Sanglots, murmure (on célèbre la prise),
Lumière ambre et sang de serpent ;
Dedans, le ventre en cent éclats se brise. -
Ariadne aux printemps délaissés
Catégories : Décasyllabes (10), Hexasyllabes (6)Sur ton thyrse s’enroule efflorescence
Mon tendre ventre ému
Volutes veloutées à contre-sens
Cuisses de pêche au charnu qui s’avance
Mords à ce fruit déchirant le feuillage
Et froisse entre tes doigts
Mes printemps délaissés qui n’envisagent
Qu’avaler dru ton vin blanc de mouillage
Comme le sable accroît notre plaisir
Comme ton cœur divin
Brûle d’amour et m’ouvre à fleur de cuir
Sur ton thyrse profond je vais jouir -
Monts de Vénus et merveilles
Catégories : Décasyllabes (10)Trois fois traçant mon sillon sous les cieux
De ces pays de monuments vicieux,
À cris mouillés trois fois je vous appelle :
Phares, jardins d’extases suspendus,
Priapes à fruits juteux et tendus,
Colonnes en enfilade à la pelle,
Tombeaux de rois, érections de granit,
Tours de Babel à grimper au zénith !
Rêvant de vous, je reluis de plus belle
Et répands entre vos pieds colossaux
Trois fois les eaux, versant l’amour à seaux
Depuis le seuil du temple de Cybèle… -
Aux portes du sommeil
Catégories : Décasyllabes (10)Tu m’aimes tant, même après la tourmente,
Qu’entre tes seins mon front s’est reperdu ;
Je me croyais l’infatigable amante
Et nos deux corps en restent confondus.
Sommeil ! sommeil ! parfum de l’âme errante
Qui doucement m’envoie dans le décor,
Et vous, éclairs, je suis votre servante :
Demain matin foudroyez-nous encor ! -
La mer n’y peut rien
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Viens te balancer dans ma fucking chair
Un coup devant, un coup derrière
Tout le reste on s’en branle, on s’en balance
C’est pas le bon jour pour rompre une lance
Viens, je t’ai servi un poisseux cocktail
Ton cock m’en dira des nouvelles
Fait trop chaud pour les tempos assassins
Mais viens me tremper ta tige au bassin
La mer ne peut rien au sea, sex and sun
Quand ce cagnard-là nous assomme
Y a plus qu’à gémir sur nos plages roses
Lécher nos sorbets jusqu’à l’ankylose
Cet hiver on sortira les sextoys
Je ferai de toi mon bitch boy
Mais en attendant, viens qu’on se balance
L’un dans l’autre, c’est un peu les vacances -
L’otage
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Lit conjugal devenu mon donjon
Tel un carcan tout hérissé de joncs
Ceux de tes amis de passage
Venus voir la fille pas sage
Barboter dans le stupre où nous nageons
Lit conjugal où figurant l’otage
Ligotée nue j’ai le rouge au visage
Pour l’agrément de ces messieurs
Me caressant du bout des yeux
Où flambe le péché qu’ils envisagent
Lit conjugal et tu leur dis Mes vieux
Pinez branlez giflez à qui mieux mieux
De mon épouse humble soumise
Livrée pour vous sans sa chemise
Faites fête et soyez comme des dieux
Lit conjugal où par ton entremise
Je sens la fente de mon ventre mise
À rude épreuve par ces joncs
Accourus pour faire au donjon
Les vésanies par d’autres non permises -
Voici le temps des grandes baises
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Foutez, jeunesse, et jouissez sans entrave !
Voici l’âge d’or, la société parfaite ;
Faites l’amour, faites la fête !
Sur le manège tirez la queue des travs !
La liberté qui dort dans vos culottes,
Réveillez-la, qu’elle entre dans la danse !
Versez, ô cornes d’abondance,
Le vin, le miel à pleins glands, pleines mottes !
Tout est gratuit ; vos corps vous appartiennent ;
Fondez, brûlez, chandelles à vous échues !
Ailettes roses d’anges déchus,
Déchirez tout : foi, vertu, vieilles antiennes !
L’histoire, enfin, est arrivée au bout
De son errance ivre, violente, obèse :
Voici le temps des grandes baises ;
Foutez jeunesse ! Ne restez pas debout ! -
Sur orbite
Catégories : Décasyllabes (10)Jusqu’à l’os entichée d’un bibendum
Pesant sa demi-tonne au minimum
Je le gravis sans effort car les prises
Ne manquent pas lorsqu’on est très éprise
J’ai succombé à son instrumentum
Mieux durcissant que le carborundum
Seul élément non bardé de lipides
Chez ce Bouddha aux désirs intrépides
Le chevauchant j’agrippe son scrotum
Et nous conduis tous les deux au summum
Au grand galop de ma fleur féminine
Qui toujours plus irriguée s’enracine
Jusqu’à l’os entichée d’un bibendum
Jaugeant ses cinq bons quintaux minimum
Je suis l’astre des nuits le satellite
D’un gros garçon qui m’envoie sur orbite -
Arse à mourir
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Telle la terre à tous je suis à toutes
Telle le ciel que boivent nos poumons
Qu’on retourne l’humus et qu’on me broute
Telle les fleurs que nous humons
Telle la terre au soc je vais crevée
Telle l’eau des torrents ne coûte rien
Ivre et nue je me livre aux dépravées
Telle la terre à tout terrien
Jà ne m’épuiserez je puis encore
Toutes vous satisfaire et vous nourrir
Telle les fruits que nos ventres dévorent
Telle la terre arse à mourir -
Bouche haletante et rouge au front
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Elle et moi nous nous pénétrons
Comme en miroir le tiroir aux étrons
D’un chapelet de jolies boules
De croissant calibre au profond du boule
Bouche haletante et rouge au front
Alors nous devenons maboules
Férues d’envie de se laper la moule
Clapotant et versant litrons
De sangria macérée de citron
Sous nos yeux ardents qui riboulent
Elle et moi deux frêles tendrons
Comme en miroir nous nous administrons
Ce qui donne la chair de poule
Et fait soudain que l’orgasme déboule
Bouche haletante et rouge au front -
Par-delà les embâcles du soir
Viens tendrement t’asseoir
Te blottir nu à mes genoux
Quand nos deux peaux se tendront un miroir
Un miroir de silence et de bleu cristal nous
Nous reconnaîtrons par-delà les embâcles du soir
Du puits de nos intimités trop longtemps clos de pierres
Montera le fredon d’une chanson d’amants
Et nos sangs frémiront comme une bière
Je crois si tu viens dans le noir
T’asseoir là tendrement -
La moule et l’oiseau
Catégories : Décasyllabes (10), Fable, Pentasyllabes (5)Mimi la moule errait entre deux eaux,
Quand la héla de là-haut un oiseau
Dont jolis mots et paroles choisies
Pleuvaient du bec, empreints de poésie :
« Que tu me plais, belle bivalve, avec
Ta chevelure hérissée de varech,
Le satiné de ta chair frémissante,
L’ocre moelleux de tes lèvres qui sentent
Bon la marée, et tes frisants ourlets…
Oh ! ne te ferme pas, non, montre-les !
Ouvre plus grand ces pans de nacre noire
Où je contemple à perdre la mémoire
Ton être nu, ton corps invertébré,
Si gracieux qu’il m’en faut célébrer
Chaque détail ! Approche encor, mollusque,
Et si je tâte un peu, va, ne t’offusque
Pas pour autant !
— Bon, d’accord », dit Mimi,
Qui était simple et avait plein d’amis.
Elle monta, confiante, à la surface
Pour exhiber mieux ses tendres crevasses.
Le traître piaf se la farcit d’un coup
De son long bec emmanché d’un long cou.
Moralité :
Méfiez-vous, fillette,
Lorsqu’un empenné
Vous conte fleurette :
Il veut vous piner. -
En sentinelle
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)À coups de gaule ô guidez mes errances
Redites-moi la juste direction
Le droit chemin à coups de lance
Vers vos jardins vos fruits de la passion
À coups de verge ô montrez-moi la route
Avant que ne s’égarent à nouveau
Mes rêves vers d’autres biroutes
Vite une tige à dresser les nymphos
On ne badine avec l’envie charnelle
Qu’à condition d’avoir le cœur cochon
Mais vous restez en sentinelle
Et m’aiguillez sévère à coups de jonc
À la baguette ô menez-moi penaude
Canalisez de votre bien-fondé
Le corps souillé l’abîme chaude
De celle qui trop a vagabondé -
D’empire en pire
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Immortellement nue Vénus attend
Seule au fond d’un musée il est dimanche
Et ses fesses d’albâtre blanches
Frissonnent sans un bruit de temps en temps
Immortellement triste elle regrette
L’âge des mages fous qui se branlaient
Pour elle et l’oignaient de leurs laits
Sur les places d’Hellade ou de la Crète
Immortellement vieille elle a vécu
Depuis toutes les ruines des empires
Vu le monde de pire en pire
Et nul ne lui caresse plus le cul
Immortellement nue Vénus attend
Seule au fond d’un musée il est dimanche
Et sur sa joue d’albâtre blanche
Roule un sanglot nacré de temps en temps -
Ardent écho au fond de l’être
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Tu seras nue parmi tous ces messieurs
Poignets liés au clou de la charpente
Le sang battant sourd et la crainte aux yeux
De l’eau te pleuvant par la fente
Ils porteront habit et gants de daim
T’évalueront de leurs lèvres ogresses
Et dans un cri tu sentiras soudain
Deux mains qui t’écartent les fesses
On saisira sans douceur sans un mot
Tes seins dressés vibrant dans leur écorce
Et venu de nulle part un pommeau
De canne t’ouvrira de force
La nuit durant ils te prendront debout
Toi lasse à bout d’orteils tu crieras grâce
Mais eux de rire et d’aller jusqu’au bout
D’un désir qui laisse des traces
Tu seras nue au gré de ces messieurs
Ces inconnus promis à disparaître
Ne te laissant hors le cerne des yeux
Qu’ardent écho au fond de l’être
(Par ailleurs, le 4e épisode des « Zobahisseurs » est désormais en ligne.) -
Des Ooh… et des Mmm…
Catégories : Décasyllabes (10)Nos cunnis sont de lentes épopées
Dont l’une à l’autre aiguise le piquant —
Et le moyen de nous arrêter quand
Au jus d’amour nous nous sommes dopées ?
Nos cunnis voient le soleil s’éblouir,
Monter, descendre, arpenter nos fenêtres.
Nous l’ignorons : il s’en retourne paître,
Boudeur, au ciel, en nous regardant jouir.
Nos cunnis font une rumeur ténue
De clappements de langue et de soupirs,
De Ooh…, de Mmm… qui s’écoutent gémir,
Vagues roulant sans fin sur nos peaux nues.
Nos cunnis crient parfois, trouant la nuit
Qui s’éclabousse en échos d’or intense,
Puis à nouveau s’engloutit le silence
Dans l’affairée ferveur de nos cunnis. -
Magicienne en herbe
Catégories : Décasyllabes (10)Jeune Circé ton con pâte de fruit
Me rendra pis que la chèvre qui broute
Déjà je fuis l’animal à biroute
Déjà je grogne et j’ai le cœur détruit
Enchanteresse ô ta vulve sécrète
Un élixir de miels et de tanins
Ouvrant en moi des désirs tout canins
De te lécher l’entrejambe en levrette
Ado charmeuse un seul regard de toi
Rien qu’un baiser à tes lèvres de fiole
Et je suis chatte amoureuse je miaule
Nue chaque nuit ton prénom sur les toits
Vois Circé vois je régresse je rampe
Vers tes fumets ton con pâte de fruit
Comme un appel qui s’exhale sans bruit
Et me tient phalène à ce cul de lampe -
Deux fois creuse
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Pêcheur d’étrons, tu pris au pied levé
Ce chemin sombre aux heures matinales
Avec un entrain qui signale
Combien ce vœu te fit longtemps baver.
Pêcheur d’étrons, plus tu fends et patauges,
Et plus je mouille au droit de l’autre puits !
Faudra-t-il attendre la nuit
Pour qu’à son tour tu y plantes la jauge ?
Pêcheur d’étrons, résignée je me fous
Les doigts dedans, me sachant deux fois creuse,
Ahanant telle chienne ou gueuse —
Oh ! va plus fort, mon chéri, mon grand fou !
Pêcheur d’étrons, fana de l’étroitesse,
De quel harpon épais tu me remplis !
Mon boyau ne fait plus un pli,
Et j’ai bien peur que tu jutes en vitesse.
Pêcheur d’étrons, je sens à ces lancers
Dont les élans t’envoient battre les couilles
Que tu ne seras pas bredouille :
Le colombin nouveau est annoncé…