Frotti-frotta de nos peaux rousses
Leur alliance dénoue la nuit
Détricote aux ventres la mousse
Cure le puits
Au désir de l’autre on aiguise
Son propre sentiment lesbien
Couchant dans la ténèbre exquise
Nos corps et biens
Frotti-frotta d’âmes muqueuses
Dont jamais ne s’use l’archet
Car c’est sans beat que les rockeuses
Vont se torcher
On délire on pleure on halète
S’affine le plaisir mutuel
Crie le soufre des allumettes
Noie les ruelles
Frotti-frotta des plus intimes
Rives jusqu’à l’écorcement
On chute ensemble dans l’abîme
Tout doucement
Tu jouis ! cet amour nous lessive
Que ma langue déculotta
Puis on repart à l’offensive
Frotti-frotta
Ton pantoum dans mon haïku
-
Sans beat
Catégories : Octosyllabes (8), Quadrisyllabes (4) -
Tu dors à mes côtés
Catégories : Décasyllabes (10), Hexasyllabes (6), Octosyllabes (8)Enracinée de toi rien ne m’atteint
Plus même les éclats de foule
La fièvre du matin
Les arbres ont pleuré le ciel s’écoule
Polit le temps comme un miroir
D’ennui que tu refoules
Enracinée de toi marbrée de noir
Au ventre est le feu la lumière
Nous deux dans l’isoloir
Nous deux le fantôme et sa prisonnière
Serpente amie de ta beauté
Frisson reflet d’hier
Enracinée de toi qu’on m’a ôté
Mais rien ne m’atteint tout repousse
Tu dors à mes côtés
Je porte ta présence et tes secousses
Et ton amour au bout des doigts
Enraciné en moi -
Envies printanières
Catégories : Octosyllabes (8), Quadrisyllabes (4)L’arbre refais ton plein de sève
L’amant refais ton plein de sang
L’hiver est mort et moi je crève
D’envies je rêve
D’une saison s’épaississant
D’une année d’andouillers poussant
D’un siècle à lécher l’aftershave
D’éons peuplés d’Adam et Ève
Infinissant -
Écoutons les vampires
Catégories : Hexasyllabes (6)Si l’hiver nous pavoise
Soufflons sur le surgeon
Et ensemble allongeons
La tige d’une toise
Si l’hiver nous rend blancs
Écartons les congères
Qui jadis protégèrent
Ce tronc d’amour tremblant
Alors neufs se déplient
Les champs de goémons
Alors nous essaimons
Et l’hiver nous oublie
Tant pis s’il nous éteint
Dessinant l’aube en pire
Écoutons les vampires
À mordre le matin -
Aquarelle
Catégories : Octosyllabes (8)Au creux de mon amour lovée
Baignée par les eaux que l’on sème
Brouillard s’ouvrant pour m’abreuver
Jamais jamais plus se sauver
Baignée par les eaux que l’on sème
Des pays neufs au bout de doigts
Que ni nos ventres se referment
Ni tarissent puisque l’on s’aime
Des pays neufs au bout des doigts
Des nues se déchirant rêvées
Pour crever à l’ombre de toi
Pastel enfant jour où je bois
Au creux de mon amour lovée -
Culinaire préparation
Catégories : Heptasyllabes (7), Pentasyllabes (5)Amis d’la gent charcutière
V’nez donc par ici
Que j’vous montre mes soucis
Dans l’échoppe arrière
Fourrez-y mon p’tit boyau
De chair et d’épices
Élargissez l’orifice
Et mouillez l’maillot
Les v’là bien rouges et bien grasses
Vos chipolatas
Mais j’suis dans un sale état
Que quelqu’un m’décrasse
Remplissez mon p’tit panier
Avec ces saucisses
Des fois qu’mon époux surgisse
Vaut mieux vous manier -
Printemps
Catégories : Octosyllabes (8)Ouvre-moi remue-moi l’humus
À coups de soc charrie ma terre
Dont la lèvre femelle adhère
À ce coutre et tendre le suce
L’herbe se sépare et palpite
La sève s’enfle au végétal
Va trace le sillon brutal
Cent frémis semés t’y invitent
Force et je vibre comme un vent
Tasse et j’engloutis ta semence
Par saccades qu’ample tu lances
Enfances mortes par devant
Pour nos verdeurs une autre chance -
L’été du ventre
Catégories : Quadrisyllabes (4)Porte émeraude
D’un cœur ornée
Je mets le nez
Aux forêts d’Aude
Bordées d’eaux chaudes
Je bois le ciel
L’été du ventre
Où ma langue entre
Arbre pluriel
Rayon de miel
Nimbé de glauque
S’ouvre un palais
Que je balaie
Happant ma coke
Sous les cris rauques
Aude mon sang
Aude mon centre
Été du ventre
Où je descends
En paressant -
Voir le jour
Catégories : Octosyllabes (8)Avec intensément de failles
On s’éclate en soupirs d’enfant
D’un cri ton ventre se défend
Le monde se cherche en travail
Avec de l’eau jusqu’aux paupières
Tu caches quelque chose encore
L’avenir te charrie le corps
Dur à venir printemps de pierre
Avec intensément de force
Verte de candeur ouverte et
Un restant de rire écarté
Ton cœur de sang perce l’écorce -
Rêve de granit
Catégories : Décasyllabes (10), Pentasyllabes (5)Quand je viens me perdre auprès des flots gris
Une évocation tout soudain se dresse
À mon cœur d’ogresse
Engendrant un choc violent comme un cri
Ô ces monuments cailloux de Carnac
Reste concret des aimables géants
Qui furent céans
L’amour n’était pas alors une arnaque
Loin devait-on les entendre hennir
Celles qui crevant leurs lèvres géantes
La faille béante
S’enfilaient profond ces puissants menhirs
Rêve de granit portant témoignage
D’un rude passé aux énormes bites
Rêve tu m’habites
Dès que je reviens tu me mets en nage -
L’empreinte
Catégories : Octosyllabes (8)Tiens ton vit à nouveau larmoie
S’arque en roulant des mécaniques
C’est-y qu’il revoudrait de moi
Je garde au chaud sous la tunique
L’empreinte où il faisait son trou
Avec nos cœurs ça communique
Tant pis si c’est pas le Pérou
Toutes mes lèvres se pavanent
Face à ta queue qui fait la roue
Mon ventre entier ouvre les vannes
Oublions les mots inutiles
Oublions que nos corps se fanent
Tiens ton vit vit revoudrait-il
De ma chattière pour étui
Matelassé ça tombe pile
J’avais aussi envie de lui -
Jalousie de la bouchère
Catégories : Hexasyllabes (6)Toinon, le ventre m’ard
Depuis qu’à la rivière
Je vis ton braquemart
De cambrure si fière.
Veux-tu de moi, Toinon ?
J’en meurs d’envie — toi non ?
Le con, Toinon, me pleure
D’avoir entr’aperçu
Ton vit faisant son beurre
Et te jouissant dessus,
Couché sur la pelouse ;
Ma fente en fut jalouse.
Toinon, à te branler
Seul tu me rends démente.
Mes gros tétins, prends-les !
Fais de moi ton amante !
M’entre ton saucisson
Brioché sans façon !
Tardes-tu à m’entendre,
Je trancherai ce dard
Puis m’en irai le vendre
Parmi mes bouts de lard.
Crains, Toinon, la bouchère
À qui ta chair est chère ! -
Trois louches (minimum)
Catégories : Octosyllabes (8)Où tu vas je te suis bel elfe
Qui verses la purée au self
Le soleil remplit ton visage
Le feu sur tes lèvres m’attend
Je n’ai plus d’autre paysage
Que tes longs membres excitants
Ange ou démon j’ai ta lumière
En moi chassant la nuit d’hier
Ton seul sourire m’écartèle
Ton œil me perce mille trous
Ton ventre est une caravelle
Je suis sa figure de proue
Emporte-moi au bout du vivre
Que ta langue entre et me délivre
Des parlotes du gris du froid
J’abandonnerai la fumette
Mon elfe mais j’ai droit je crois
À trois louches dans mon assiette -
Instant d’inattention
Catégories : Octosyllabes (8)Je ne suis qu’un éjaculat
D’amour d’étoile et de poussière
Goutte échappée des couscoussières
D’un autre humain qui vécut là
Je suis l’oubli d’une capote
Un pur instant d’inattention
Un vit qui fuite et ô passion
Soudain dans un ventre clapote
Je suis l’écho vague et lointain
D’un désir dépourvu d’histoire
Lui ne prisait que foutre et boire
Elle avait un cœur de putain
Flaque s’agitant solitaire
Je ne suis que l’éjaculat
D’un pâle humain qui vécut là
Souillant pour quelques temps la terre -
Posséder l’absente
Catégories : Octosyllabes (8)Ça m’a fait bip-bip dans l’œdipe
Et des tas d’autres trucs ailleurs
Quand j’ai surpris papa sans slip
Vision d’un monde un peu meilleur
Un monde où les garçons grandissent
Dans des proportions renversantes
Troublée par ce puissant indice
J’ai voulu posséder l’absente
Mais puisqu’hélas veillait maman
Sur l’objet de mes attentions
Il fallait donc furtivement
Qu’avec papa nous le fassions
À coups de coïts et de pipes
Et d’un tas d’autres trucs d’ailleurs
J’ai pu résoudre mon œdipe
Sans écouter les pinailleurs -
La vie devient facile
Catégories : Hexasyllabes (6)Dans nos cages à lapins
On se fait des copains
Les ados du deuxième
Courent acheter mon pain
Me dédient des poèmes
Puis me liment en tandem
Dans nos cages à lapins
Y a pas que des rupins
Le vieux dit La Gaufrette
Sent déjà le sapin
Et claque sa retraite
Pour m’avoir en levrette
Dans nos cages à lapins
Rien n’est jamais repeint
Mais mon con phallophage
Et mon derche poupin
Grimpent degrés étages
Jusqu’aux derniers outrages
Dans nos cages à lapins
Parfois je me tape un
Pied lorsque m’instrumente
En écoutant Chopin
Le prof à queue puissante
De l’appart 160
Dans nos cages à lapins
Ta pine est mon tapin
Je suce à domicile
Avalant les pépins
Puis remets du ricil
La vie devient facile
Dans nos cages à lapins -
Droit de visite
Catégories : Octosyllabes (8)De Timothée le tatoué
Je pus feuilleter les images
Cœurs griffés dragons et visages
Flammes mystérieux messages
Amantes de rêve vouées
À sa peau pour ultime plage
Sur Timothée le tatoué
S’opéraient des métamorphoses
On voyait parmi d’autres choses
Un lion couché qui se repose
La proue d’un trois-mâts s’échouait
Au sein nu de sirènes roses
Chez Timothée le tatoué
Ex-marin revenu des pôles
Tout était peint cuisses épaules
Fesses merveilles que l’on frôle
Pour voir le décor s’ébrouer
Désondulant telle une tôle
À Timothée le tatoué
Je me suis offerte de suite
Afin d’avoir droit de visite
D’explorer gentiment le site
Il cachait (ça m’a secouée)
Une tour Eiffel sur la bite -
Au charbon
Catégories : Quadrisyllabes (4)Lâche ta rosée
Du fond du cœur
Lâche ta liqueur
Viens m’arroser
Lâche tes pudeurs
Enfantillages
Suis mon sillage
Jusqu’à point d’heure
Lâche donc la bride
Va au charbon
Franchis d’un bond
Ma ligne Siegfried
Lâche la morale
Sois indécent
Lâche le pur-sang
Hors du corral
Va sois pas lâche
Crache le morceau
Déverse à seaux
Les mots qui fâchent
Les secrets louches
Qu’on nous cachait
Faut tout lâcher
De bouche à bouche
Lâche une bastos
Sur mes velours
Envoie du lourd
Envoie la sauce
Le blanc qui tache
Sois fou lâche-toi
Sans ça ma foi
Moi je te lâche -
Il court, il court...
Catégories : Jocelyn Witz, Pentasyllabes (5)Le plaisir est fou
Qui viole et transgresse
Avec allégresse
Qui raison bafoue
Qui bon sens écarte
Et rebat les cartes
Le plaisir est roi
Sombre et tyrannique
Il me communique
Ses décrets de loi
Par d’âpres délices
Qui me démolissent
Le plaisir est faim
Qui se réengendre
Brûlant salamandre
Mais jamais défunt
Son pouvoir m’hébète
Je redeviens bête
Le plaisir est nuit
Envoûteur occulte
Menant grand tumulte
Il cogne à mon huis
M’inonde et m’enivre
D’un lait qui délivre
Le plaisir est fée
Fantasmagorique
Qui sait qui fabrique
Ce divin effet
Ma fente animale
Ou l’amour du mâle ?...
C’est ma dernière petite histoire fantasticochonne
en lecture libre ici :
https://www.atramenta.net/lire/il-court-il-court/100697♥
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Désir déchire
Catégories : Octosyllabes (8)Ah combien je me suis saignée
Pour cette splendide araignée
En mon ventre elle avait son nid
Faisant son miel de mes pétales
Mordant quand je crevais la dalle
Ricanant de mes agonies
J’attirais les mouches pour elle
Pauvres je leur coupais les ailes
Mes draps de toile étaient le lacs
Où elles tombaient amoureuses
Une faim d’araignée ça creuse
Surtout celle que j’avais là
On paralysait nos victimes
Dévorait leurs parties intimes
La plupart n’en revenaient pas
De mes mines d’amour mimée
Nos relations s’envenimaient
En dépit de tous mes appâts
Désir plaisir nuitées de soie
Que l’aube ensanglante et déçoit
Désir déchire on s’arrachait
Ah combien je me suis saignée
Pour cette maudite araignée
Se nourrissant à mes crochets