Des reins d’Ariadne
Sortent des bras bardés d’airain,
Un mufle sale au long chanfrein,
Une légende en filigrane…
« Frère bréneux,
Ô damné, moi, l’enrubannée,
Je n’oublie pas notre hyménée,
Nos pelotons raidis de nœuds.
Du labyrinthe,
L’Athénien et son coutelas
Ressortiront tout chocolat :
C’est de toi que je suis enceinte.
Au cœur de roc
De l’ex-Crète, si tu m’épouses,
Partout refleurira la bouse
Et mugiront les beaux aurochs.
Fais-moi génisse !
Encorne-moi, beau prétendant !
Maman nous a foutus dedans
Afin qu’ensemble on nous punisse.
Comme il m’émeut,
Ton front velu à l’œil de vache ;
Longtemps nos amours feront tache,
Mais parle, chéri, dis-moi !
— Meeuuuuh ! »
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Catégories : Octosyllabes (8), Quadrisyllabes (4)
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Les autoroutes à contresens
Catégories : Octosyllabes (8)Voguer vers de plus vastes pores
Boire à nos vies qui s’évaporent
Au rythme lent du quotidien
Par-dessus bord par-dessus tête
Culbuter les dos de la bête
Hors les espaces euclidiens
Nous découvrir des berges neuves
Nous relire enfin sur épreuve
Aux vieux sillons des vieilles mains
Combien d’ifs de buissons de roses
Combien d’oubliées celluloses
Fleuriront en un tournemain
Qu’on n’oublie pas de graisser l’axe
De verser l’arriéré des taxes
Ou nos amours tourneront court
En suivant bien les directives
Chacun reprenant part active
Nous décuplerons nos encours
Ronger nos freins en tète-à-tète
Doubler d’un duo tous les sextettes
Ces ruses ne suffisaient plus
Il fallait reprendre d’urgence
Les autoroutes à contresens
Comme au temps où l’on s’était plu -
Recette facile pour deux personnes (âgées)
Catégories : Décasyllabes (10), Pentasyllabes (5)C’est dans les tuyaux ardents des aïeules
Que mijote au mieux le tendre aloyau
C’est dans l’édenté de leurs vieilles gueules
Que bout la sauce à mouiller les maillots
C’est dans les tuyaux
Hommelet au lard ces barbonnes savent
Sans briser les œufs et l’œil rigolard
Saisir à feu vif ton céleri-rave
Se le rissoler l’enfance de l’art
Hommelet au lard -
Doublement fille
Catégories : Hexasyllabes (6), Octosyllabes (8)M’insinuer dans le petit jour
Que tu laisses paraître
Pour te montrer une autre amour
Loin des hommes qui te pénètrent
Une autre façon d’être
Me glisser dans l’intimité
Aux moiteurs tropicales
De ton giron vite excité
Sentant l’approche des cigales
Rudes qui le régalent
Te mettre au jus et au parfum
De nos tendres miellées
Troquer contre ta malefaim
Ventrée femelle à femelle et
Leurs toisons emmêlées
T’ouvrir à joie et à douceur
Elles sauront le faire
Mes chatteries de demi-sœur
Doublement fille et qui s’enferre
Dans ta blonde hydrosphère
M’insinuer dans le petit jour
Contre ta peau de soie
Pour te souffler l’autre discours
Voix de la plus suave des voies
Où nos sexes se voient -
Envoyez le jus !
Catégories : Vers libresLes hommes je m’en fiche
Un ici
Un autre là
Plus si affinités grande et belle forme jour faste
Si le courant passe entre nos atomes crochus
Si des câbles et des câbles se déroulent en souplesse
En tension
Froissements soyeux joyeux fusibles
Prise mâle prise femelle
Prise en sandwich
Éprise éprise à maintes reprises
Le doigt déjà sur l’interrupteur
Envoyez le jus
Condamnée toute petite à la fichaise
Électrique
Les hommes je m’en fiche
Plusieurs à la fois
Tout le temps
À la centrale je suis juste un numéro
Une ampoule qui clignote
Circulent s’enculent les particules élémentaires et me délivrent
De quoi j’ai oublié
Ô nous machines inertes
Nos âmes à jamais déconnectées du monde
Augmenter le rendement éviter les pertes en ligne
Guetter la panne éventuelle
Ventiler recharger décharger pomper
Booster
Ne jamais perdre le contact
La foi le fluide l’espoir l’envie féconde génératrice
Sauter les repas
Fondre les plombs fondre en larmes
Aimer l’ombre pour elle-même
Et dans l’ombre suivre l’arc ou le faisceau ionisé
Nos compteurs presque morts qui défilent
Défient les chiffres de l’impossible
La foudre a dû tomber
C’est ce qu’ils se diront à la station relais
Quand ils verront se dessiner nos sinusoïdes folles
Alternateurs malades d’amour
Oui les hommes je m’en fiche
En circuit fermé nos sens tournent en rond
Nos yeux se renvoient les étincelles
L’air sent l’ozone
Et ça crépite et fume aux points de jonction
Où chaque effet de seuil nous propulse plus haut encore
Rien qu’eux et moi
Cosmos de poche
Physique des hautes énergies
Les hommes je m’en fiche
Bien profond
Sans combinaison protectrice ni caoutchouc
J’ai déchiré le revêtement isolant
En gémissant le curseur remonte lentement l’échine du potard
S’épousent nos enroulements de cuivre
Déjà chauds brillants parcourus de frissons
T’en fais une drôle de bobine
Et le murmure s’élève
Vrombissement sourd des forces fondamentales
Déferlant depuis l’autre rive de l’univers
Depuis le temps d’avant le temps d’avant les hommes
Promesse d’un prochain big bang
Claquez la langue ô disjoncteurs !
Shuntez ô chant des résistances !
On risque gros
Tout faire péter n’importe
Accrochez-vous les garçons
Pleine intensité
Puissance maximale
Surtension
TILT ! -
Sentimentale
Catégories : Alexandrins (12 pieds)Ça fait un temps fou que j’ai pas flûté mon Bob
Roulé sa bosse épaisse entre langue et gencive
Tartiné son méat et son frein de salive
Mené près du climax cet admirable zob
Je suis sentimentale oh là là pas de doute
Un seul vit vous manque et le monde est dépeuplé
A fortiori le sien car en plus il me plaît
J’aime à le lutiner jusqu’à ce qu’il me foute
Sans tarder je l’appelle et dis on peut se voir ?
Il me paraît anxieux, je pense tiens c’est louche
J’insiste cependant bavant déjà, ma bouche
Formant son joli O prête à le recevoir
Or Bob — non : Roberta ! — avait changé de sexe
Et m’exhibe aussi sec son beau mont de Vénus
Tout ça s’est terminé par un cunnilingus
Dites rien sur son zob il faut pas qu’il se vexe -
Amants de papier
Catégories : Octosyllabes (8)Bon nombre de mes aventures
C’est du flan : je littérature
Couchant des amants de papier
Au fil de rêves immatures
Où je tripe et je prends mon pied
Rimant l’orgie dans ma caboche
Me défonçant à la débauche
Imaginaire avec des gens
De plume et d’encre, des fantoches
Foutant sans cesse et déchargeant
Si quelques prétendants (chimères !)
Vécurent et peut-être m’aimèrent
La plupart sont des prétendus
Nés du bulbe d’une mémère
Bavant sur ses fruits défendus
Ô roman de mes coucheries
Plein de chéris et de chéries
Thriller toujours à la hauteur
Où des culbuteurs en série
Font la peau nue de leur auteur... -
La fente à semer
Catégories : Octosyllabes (8)C’est fou c’que j’suis une mauvaise mère
Surtout pour ceux qu’j’ai enfantés
Y en a tout partout sur la terre
Des p’tits que ma grosse fente a s’més
J’les laissais sous les portes cochères
Avec au cou un mot disant
« J’peux pas l’él’ver, la vie est chère »
… Et ça a duré trente-deux ans
C’est-y ma faute si j’m’emballonne
Rien qu’à r’garder les hommes au slip ?
(Mon type c’est Sylvester Stallone
J’l’ai vu dans un vidéo clip)
J’en ai pondu des quinze ou seize
De ces galopins superflus
Maint’nant ça va mieux j’baise à l’aise
Rapport à c’que j’ai plus mes flux
Seul’ment ça m’travaille la conscience
À cause des p’tits qu’ma fente a s’més
Est-ce qu’on bouffe bien à l’Assistance ?
Est-ce qu’y a quelqu’un pour les aimer ? -
Sans intérêts
Catégories : Décasyllabes (10), Octosyllabes (8)Le foutre écoulait des beaux culs des travs
Mais Xav ému dans l’aube claire
À l’hâve heure des retours de lanlaire
En pensée comptait ses sicavs
Peu rares sont les amasseurs de billes
Dont le vit gît sans appétits
Que leur fric accouche en nombreux petits
Voici ce qui les émoustille
L’épargne j’ai rien contre mon minet
Pleurnichais-je me sentant naze
Mais tu sais pourtant qu’il y a des occases
Où faut cracher au bassinet
J’ai insisté tâtant jusqu’au délire
Ses grosses bourses mais mon Xav
Bandait pour l’écu non le cul des travs
Encor moins mon cochon tirelire -
Salut Patrick
Catégories : Octosyllabes (8)Le lécher trompe d’éléphant
Plus mou que la joue des enfants
L’agacer d’une langue agile
Et ronronner en le sniffant
Me l’avaler larve fragile
Émergeant juste de l’asile
Tout chaud de son cocon velu
Si vous croyez que c’est facile
Ô pari fou ! jeu farfelu !
Chimérique dans l’absolu
Car sur le champ l’animal pousse
Jette sur moi son dévolu
Cet amour de bébé Tom Pouce
Voilà qu’il frime et se trémousse
Enfle son ventre d’alambic
Et pour finir puissant me trousse
Moi qui l’adorais tant lombric
Qui mouillais pour son stylo Bic
Sa nouvelle épaisseur me choque
Je fous le camp salut Patrick !
(Le bonjour à Mathilde qui, il y a plus de trente ans de ça, m'a appris cette contrepèterie. Où que tu sois, Mathilde, je ne t'oublie pas...)