Rossignol mon mignon, au rostre de sagaie,
Qui perces à l'envi mon haleine et me fends,
Je te chante en mon for, comme font les enfants,
Ô toi que dans ma bouche il faut toujours que j'aie.
Nous soupirons tous deux : moi car je t'aime tant
Que si tu deviens porc je me ferai ta laie,
Et toi pour ce que passe un vent qui te balaie
À l'instant de verser en moi ce que j'attends.
Toutefois, Rossignol, nous différons d'un point,
C'est que je fus tronchée et tu ne le fus point :
Il me faut sans tarder te rendre la pareille
En te truffant l'anneau d'un latex attachant ;
Et si onc te venait aux lèvres quelque chant,
Je me garderai bien de boucher mes oreilles.