Le soir on dîne à fleuves épandus
À gibier d’eau à langues baladines
Par l’ocre crevé de nos gabardines
S’écarquillant nos ventres bien fendus
Peuplés de fleurs et de fruits défendus
Le soir on dîne
Le soir on mord de trop tendres amorces
Sans éprouver le début d’un remords
Si affamées que l’on en perd le nord
Qu’à pleines dents on mâche les écorces
Faisant le joint de nos colonnes torses
Le soir on mord
Le soir on bave un cri un miaulement
De gorge sourd devenues deux épaves
Démontées par la mer qui nous déprave
En nous léchant l’étrave ô mollement
À flots d’orage et sombres frôlements
Le soir on bave
Le soir on gît dans l’âpre après-ripaille
Tout étonnées de ce qui a surgi
On n’ose plus bouger on réagit
À peine on referme nos flancs qui bâillent
Où le plaisir demeure écrit en braille
Le soir on gît
Ripaille
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