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Le feu

Catégories : Octosyllabes (8)

Il dit allume allume-moi
Versant de l'huile sur mes paumes
J'empoissai son morceau de choix
Et voulus en dresser le dôme
 
       Allume allume allume-moi
 
Nous contemplions en silence
La flèche émergeant du carquois
Mes mains entamaient une danse
 
       Allume allume allume-moi
 
Lui tranquille me laissait faire
Ce qu'au reste une femme doit
Au beau garçon qu'elle préfère
 
       Allume allume allume-moi
 
Ce soir c'est moi qui suis la reine
Dis-je et de moi que tu reçois
Le feu et tout ce qu'il entraîne
 
       Allume allume allume-moi
 
Quand l'un et l'autre nous jugeâmes
Sa fermeté de bon aloi
Je partis à bouter la flamme
 
       Allume allume allume-moi
 
Lors bondissant telle une puce
J'entrepris d'agacer du doigt
Le frein ému de son prépuce
 
       Allume allume allume-moi
 
Je dis tu vois si je le frotte
Frotte et frotte ton bout de bois
Je mets le feu à ta culotte
 
       Allume allume allume-moi
 
Rôle que j'aime à la folie
Régler l'ardeur de tes émois
Étriller ta tige polie
 
       Allume allume allume-moi
 
Mon amant demeurait bravache
Arborant même un air matois
Je décidai d'être un peu vache
 
       Allume allume allume-moi
 
Tout en caressant sa mâture
Quelques taloches dans les noix
Haussèrent la température
 
       Allume allume allume-moi
 
Voici que mon mignon suffoque
Voici qu'il perd son quant-à-soi
Et frissonne ainsi qu'une loque
 
       Allume allume allume-moi
 
Par de vives frictions contraires
Le long de ce bambou tout droit
Je ferai jaillir la lumière
 
       Allume allume allume-moi
 
De la sorte nos bons ancêtres
Luttaient l'hiver contre le froid
Et la griffe des autres êtres
 
       Allume allume allume-moi
 
À présent il était en nage
Feulait tel un loup aux abois
Gémissait à chaque passage
 
       Allume allume allume-moi
 
Nous touchâmes à l'éternelle
Et magique fin de l'envoi
Lorsque fusent les étincelles
 
       Allume allume allume-moi
 
Il éjacula dans un râle
Je prélevai ce qui m'échoit
Un doigt de ce nectar des mâles
Par quoi mon propre feu s'accroît
 

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Commentaires

  • Seulement un doigt ! Quelle abomination ! Etes-vous au régime, gente Bella, vous que nous connûmes gourgande gourmande, voire morfallique, pour gaspiller ainsi le sirop couillard ?

    Mes hommages.

  • Fallait en laisser pour les copines.

  • Ah Bella, Belle, qu'est-ce que j'aime lire ta poésie et, mon impérieuse homosexualité ne veut ni te flatter, ni te séduire mais juste manifester ici, pour toi et d'autres, la joie de l'authentique saveur d'aimer par vers et par vaux.

    Le corps tout à nous et nous, tout au corps
    et pour lui la rime, et pour nous, l'effort.

  • Merci beaucoup pour ce gentil message, Alain.
    Vive la poésie queer, gay, lesbienne et +++, que ton site contribue si bellement et courageusement à promouvoir !

  • " Allume allume allume-moi "... c'est presque une prière mais point de blasphème car c'est d'une autre adoration qu'il s'agit ici : oyé oyé dressons nous tout droit.
    Un joli message de début d'année ;)

  • En plus, par ces temps de froidure, ça réchauffe !

  • Comment ne pas rêver se faire ainsi allumer!
    Douce lecture assurément.

  • Bienvenue, cher confrère poète!

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