La femme est un silence à meubler de soupirs
Profonds comme des mers, plus ardents que des glaives
De feu : à leur appel les ouragans se lèvent
Déchirant le vain brouhaha de vos sabirs
La femme est une image à retracer sans cesse
Dont sans relâche vous épousez les contours
Pour preste les biffer puis dans le petit jour
Lui refaire un visage et un corps de princesse
La femme est un matin aussi long, aussi vieux
Que s'il était le Temps en costume de perles
La femme est l'abyssal océan qui déferle
Et qui vous engloutit rien qu'en ouvrant les yeux
La femme est une orée, un rivage, une grève
Une steppe infinie à s'emblaver dedans
Lac de boue collé à vos semelles d'Adam
Et que vous emportez comme on traîne ses rêves
La femme est faite pour plus d'un homme à la fois
Pour que l'on y cimente une amitié farouche
Qu'on se rejoigne au fond de son sexe ou sa bouche
En émaciant les murs des mondes trop étroits
La femme est la lumière : un soleil blanc et rose
Brûlant de dispenser tous les miels qu'elle a cuits
Éclairant par les cieux le lustre des circuits
Où un beau jour vos nefs caressantes se posent
Commentaires
"La femme est ce que l'on a inventé de mieux pour remplacer l'homme quand on a la déveine de ne pas être pédéraste." Boris Vian... (de mémoire).
Excellent !!! :D
Un peu limite tout de même.
Et quand tu lis les pensées et aphorismes d'auteurs du XIXe et du début du XXe, ça dégouline de remarques désobligeantes sur la gent féminine.
C'est clair, bien sûr ! Cependant, chez Vian, c'était de l'humour, et ça change tout.