Apercevoir, sous la chemise,
Ton nombril malin, tel un œil
Qui cligne, sourit, m’électrise…
Et puis me laisse sur le seuil ?
Apercevoir, sous la chemise,
Ce miel et en faire mon deuil ?...
M’en aller sans prendre ta bouche
Entre mes dents, la retenir,
La bercer de langues farouches
Plus arcboutées que des menhirs ?
M’en aller sans prendre ta bouche ?...
Le désespérant devenir !
Passer sans avoir vu tes cuisses
— Nues sous la lèvre ou sous la main —
Frémir à l’idée que je puisse
Pousser l’avantage plus loin ?
Passer sans avoir vu tes cuisses,
N’est-ce pas cela, vivre en vain ?
N’avoir jamais, contre ma joue
Amoureuse, roulé tes seins,
Trituré comme un chaton joue
Les bouts que l’aréole y ceint ?
N’avoir jamais, contre ma joue,
Ces fruits à l’effluve assassin ?...
Vivre sans sucer à ton ventre
La fleur de sel et le pistil,
Sans en avoir fouillé le centre,
À t’en chiffonner le coutil ?
Vivre sans sucer à ton ventre,
À quoi cela servirait-il ?
Ô cruelle qui me refuses
La joie de te goûter un peu,
Sans raison, sans la moindre excuse
Qu’un vague « non » tout orgueilleux !...
Ô cruelle qui me refuses,
Je te baise du bout des yeux.
Le refus
Catégories : Octosyllabes (8)
Commentaires
"Je te baise au bout des yeux "... c'est mimi tout plein ça.
Intéressante cette évocation de la frustration, en poésie.
Quand le désir intense ne débouche sur rien et reste à la porte.
Il reste toujours le rêve, le désir à l'état pur... :)