Tardif et déplumé (20/10/2023)

Ô triste enfant, renommée pécheresse
Dont on courait pour attraper la fesse,
Qu’est devenu ce céruséen cul
Dont tu rendais les plus braves vaincus ?
Où as-tu mis le corail et la crête
D’or blond pour quoi chacun perdait la tête ?
Où sont les seins lascifs et orgueilleux
Que tu jetais au front des moins curieux ?
Où est l’épée de latex si vorace
Dont tu trouais, taquine, leur culasse ?
Est-ce cet œil rougeâtre et larmoyant
Qui te valait jadis un flot d’amants ?
Voici que, nue, languissant sur ta couche,
Tu ne jouis plus que si ton doigt te touche.
Ah ! Cupidon, que n’es-tu sur le coup
Afin que pût regodiller beaucoup
Celle qui, comme en sa vive jeunesse,
Appelle Amour et se branle sans cesse !
Certes, son con tardif et déplumé
N’exhale plus qu’un trop âcre fumet,
Et l’on hésite à aiguiser les armes
Dont s’armaient tant de messieurs pleins de charme
Qui, ahanant, s’en venaient l’assaillir,
Y emmancher leur désir de jaillir
En gouttelettes de jus effusées…
Ô pauvre vieille aujourd’hui imbaisée,
Triste enfant aux ardeurs inapaisées !

09:25 | Lien permanent | Commentaires (4)