Ballade de la Grande Putain (09/01/2023)

Quand j'étais Aphrodite, avatar de Vénus
À mon évocation se dressaient mille bites
Un million de vagins s'humidifiaient de suite
Des colonnes d'Hercule aux berges de l'Indus
Et le moindre coït prenait l'âme d'un rite
       Quand j'étais Aphrodite
 
Je devins la Mère Ève, hors le vert paradis
Et baisai tous mes fils, pompai toute la sève
De cinq cents descendants qui défilaient sans trêve
Il fallait bien peupler notre ici-bas maudit
Je regorgeais d'amour, de luxure et de rêve
       Quand j'étais la Mère Ève
 
Ayant nom Cléopâtre, ocre reine du Nil
Pour mon dessert, des serfs, il m'en fallait cent quatre
Membrus et vigoureux, je les faisais se battre
Rivaliser pour moi de faits d'armes virils
Dans les vapeurs d'encens de mon palais d'albâtre
       Quand j'étais Cléopâtre
 
Puis je fus Messaline, empereur des Romains
J'errais toutes les nuits de ruelle en cuisine
De bandit en cocher, tétant toutes les pines
M'ouvrant à qui voulait, passant de main en main
Épousant tout humain que le sort me destine
       Quand j'étais Messaline
 
Plus tard, humble Pucelle au service du Roy
Chaque soldat françois put me monter sans selle
Se gardant d'offenser ma très sainte escarcelle
Et tant leur suffisait mon cul ferme et étroit
Que l'on n'épuisa point les fastes qu'il recèle
       Quand j'étais la Pucelle
 
Adieu ces ères-là, notre monde est plus vieux
Je baisote, suçote, ah ! le diable m'emporte
Même si j'ouvre encor le moelleux de mes portes
Où sont le feu, l'extase et les désirs furieux ?
Nos mâles sont aigris, nos filles peu accortes
       Et l'avenir avorte
 

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