Suzon (28/05/2022)

A chanter d'une voix traînante, rauque et sensuelle à la Juliette Gréco...

Suzon la salace a le cul petit
Comme un nid d'oiseau, mais dont l'appétit
Pour les mandrins longs, épais et habiles,
N'est plus ignoré d'aucun homme en ville ;
      Dès le soir venu, elle élit l'un d'eux
Parmi ceux qui près de chez elle passent ;
Qu'importent son nom, son âge ou sa classe ;
Certaines nuits, même, il lui en faut deux,
      Suzon la salace.

Suzon la coureuse offre à ses amants
Des mets délicats, du vin de sarment,
Puis, d'une main souple, les déshabille
Pour les revêtir de dessous de fille ;
      On lui voit alors l'œil surexcité ;
Grinçant des mâchoires et l'âme fiévreuse,
Elle fait subir à son « amoureuse »
Des tourments empreints de lubricité,
      Suzon la coureuse.

Suzon la féroce éjecte au matin
Quelque mâle en string, titubant, éteint ;
On le plaint, on l'aide à reprendre vie ;
Il arrive qu'un imprudent l'envie ;
      L'un de ces gâtés perdit la raison,
Un autre obliqua vers le sacerdoce ;
Tous ont mis des mois à soigner les bosses
Qu'à l'âme elle leur fit dans sa maison,
      Suzon la féroce.

Suzon l'insatiable, où te caches-tu ?
Chacun se languit de ton con goûtu ;
Les hommes sont niais et beaucoup trop sages
Depuis que tu es partie en voyage ;
      L'épouse gémit car ils bandent mou,
Sanglotent au lit, chipotent à table
Dans la ville entière — ah ! c'est lamentable !
Suzon, par pitié, reviens, reviens-nous,
      Suzon l'insatiable !

 

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